Comment utiliser l’argument de la défense de la liberté d’expression pour réduire l’ensemble des droits démocratiques en France tout en s’assurant du soutien de la population.
Je souhaite tout d’abord présenter mes condoléances aux familles des victimes et mon soutien à toutes les personnes qui ont été touchées par les événements sanglants des attentats terroristes de début janvier 2015 en France.
La lecture de cet article peut déstabiliser voire choquer le lecteur. Ceci n’est bien entendu par mon but. Il s’agit de décrypter, loin du choc traumatique, des émotions et des douleurs, des processus qui permettent à un groupe limité de personnes d’accomplir leurs desseins sans avoir à le faire ouvertement. Les enjeux sont importants et je vous propose de les découvrir.
1 – L’étape préparatoire: Créer un état de choc, d’insécurité et de guerre intérieure en exploitant les attentats terroristes
Le 1er mensonge consiste à taire l’incompétence et les erreurs des services de sécurité de l’Etat en expliquant aux citoyens que le cadre légal actuel est insuffisant.
Dès les années 1990, plusieurs réseaux terroristes originaires d’Algérie s’implantèrent en France. Ils venaient du FIS (Front Islamique du Salut) puis du GIA (Groupement Islamique Armé) et de AQMI (Al-Qaida au Maghreb Islamique).
Le réseau terroriste est implanté et développé par des imams islamistes auto-proclamés prêchant dans les mosquées françaises. Depuis plus de 25 ans, ils visent à radicaliser de jeunes pratiquants musulmans exclus de l’intégration dans la société civile avec les buts suivants:
1 – de les envoyer se former dans des camps de combattants terroristes
2 – de les aguerrir en les faisant participer aux combats aux côtés de divers groupes terroristes au Moyen-Orient (Syrie, Irak, Afghanistan, Yémen, Somalie, Pakistan, etc.)
3 – de les rapatrier en France afin de constituer des cellules terroristes prêtes à accomplir des attentats
Pendant plus de deux décennies, le Ministère de l’Intérieur et ses services de sécurité (renseignement intérieur, renseignement extérieur, police judiciaire, police nationale, gendarmerie) sont informés de cette situation mais ne réagissent pas pro-activement. Ils surveillent, fichent et « traitent » les divers suspects mais sans intervenir à la source: les prêcheurs radicaux et les recruteurs des réseaux islamistes.
Ce n’est que ponctuellement, et après que des événements sanglants frappent la France, que les services de sécurité réagissent, généralement en abattant les terroristes, armes à la main.
Pour bref rappel, il y a eu:
- Khaled Kelkal (Attentat du RER en 1995, 8 morts/117 blessés), abattu.
- Les membres du « Gang de Roubaix » (9 terroristes islamistes aguerris en Bosnie) 5 sont décédés, les autres sont jugés et condamnés.
- Mohammed Mehra (Tueries de Montauban et Toulouse en 2012, 7 morts/6 blessés), abattu.
Deux des trois terroristes abattus le 9 janvier étaient des criminels récidivistes et un d’entre-eux, qui avait été condamné et emprisonné, était en liberté.
Ces personnes dangereuses n’ont pas seulement été relaxées. Bien que sous contrôle judiciaire étroit, elles ont pu échapper à la surveillance, reprendre leurs activités, se rendre à l’étranger pour visiter des camps d’entrainements terroristes, revenir au pays sans être appréhendés et se doter d’un véritable arsenal d’armes de guerre (fusil automatiques, lances-roquettes, gilets par-balles, etc.).
Ces actes de terreur, diligemment médiatisés et toujours finalisés dans la violence de fusillades meurtrières (alors qu’il existe des gaz paralysants très efficaces), ont eu pour conséquence d’augmenter le sentiment d’insécurité de chacun.
Afin de faire accepter aux citoyens la perte de leurs droits démocratiques, ces attentats sont utilisés pour frapper les consciences au niveau des valeurs collectives de la société dans son ensemble.
2 – Charlie Hebdo représente la liberté d’expression
Le 2ème mensonge consiste à assimiler les publications d’un périodique marginal qui se veut « bête et méchant » à la grande famille de la presse pour assimiler publications provocatrices et blasphématoires à la liberté d’expression.
L’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo, organe de presse mainte fois menacé en raison de ses caricatures volontairement irrespectueuses et provocatrices du Prophète Mohammed, représente une opportunité unique pour frapper un grand coup sur le collectif identitaire de la nation.
La pratique particulière de ce média est unique et son audience est marginale. Son activité, économiquement menacée par un lectorat réduit, est différente de tous les autres acteurs du secteur de la presse en particulier et des médias en général. Il se spécialise dans la satyre. Il utilise la dérision et le deuxième degré pour insulter, choquer, et manquer de respect à toute personne et toute valeur.
Toutes les valeurs? Non, pas tout à fait. Charlie Hebdo connait les limites à ne pas dépasser et surtout les communautés à épargner. Malgré leurs collègues assassinés, ils récidivent sur le même blasphème et s’assurent au passage de confortables réserves financières.
Comment ignorer la différence de traitement des caricatures de Charlie Hebdo et des paroles provocatrices de l’artiste comique Dieudonné alors qu’ils utilisent justement les mêmes outils? Si cette personne avait été assassinée, l’aurait-on incarné en représentant humain de la liberté d’expression? Alors que ce journal représente la liberté d’expression, un artiste comique est accusé d’apologie du terrorisme.
La nature de ce journal est dissimulée pour être instantanément assimilée en une activité portant une valeur républicaine: la liberté d’expression. Le mensonge consiste à présenter un journal blasphématoire et irrespectueux envers une communauté de plusieurs millions de croyants pour une représentation des valeurs intrinsèque de la démocratie.
3 – Le véritable sens du slogan « Je suis Charlie »
Le 3ème mensonge consiste à faire accepter à chacun la possibilité d’insulter les valeurs de certaines communautés tout en invoquant la liberté d’expression.
Un fois que le raccourci est fait entre blasphèmes ostentatoires répétés envers les musulmans et liberté d’expression, il est urgent de le diffuser mondialement. Ainsi le slogan publicitaire « Je suis Charlie » est créé. Il est dépossédé de sa nature de provocation et de violence gratuite. Il peut ainsi être adopté et exploité globalement en une fraction de seconde par les réseaux sociaux.
Ce slogan reviendrait-il à généraliser et protéger l’atteinte aux respects des valeurs des autres? Son résultat extraordinaire est d’interpeller chacun (souhait de pouvoir s’exprimer librement) et de donner l’impression d’une appartenance à un ensemble des citoyens vivant dans un système démocratique qui respecte les diversités.
4 – La mise-en-scène du rassemblement de (presque) tous les français
Le 4ème mensonge consiste à faire taire les problèmes de toute une société en lui présentant un ennemi commun afin qu’elle se réunisse derrière leurs dirigeants politiques sans questionnement.
Avec la marche de dimanche, le Président Hollande et son entourage réalisent un coup de maitre digne des meilleurs régimes totalitaires. Alors que près de 8 citoyens sur 10 désavouent leur Président, que 15% des manifestants sont au chômage et que la majorité vont vivre dans la précarité, près de 4 millions de citoyens le suivent.
Cette marche est annoncée pour rassembler tous les français indépendamment de leurs opinions politiques. C’est justement le contraire qui est visé. Il veut diviser car les musulmans blessés sont stigmatisés et les membres du Front National sont exclus. Si c’était pour réunir, pourquoi ce « président unificateur » a-t-il décidé d’exclure le Front National alors qu’il représente en gros un 5ème du corps électoral? Cela signifierait-il que un Français sur cinq n’est membre pas de la République?
Analysons l’anatomie de ce rassemblement sous les lumières de Nicholas Murray Butler
Président de la Pilgrim Society, membre de la Carnegie, membre du CFR (Council on Foreign Relations):
« Le monde se divise en trois catégories de gens: un très petit nombre qui fait se produire les évènements, un groupe un peu plus important qui veille à leur exécution et les regarde s’accomplir, et enfin une vaste majorité qui ne sait jamais ce qui s’est produit en réalité. »
Voici les images de la 1ère catégorie. Il faut relever la réunion de représentants de plusieurs conflits causant des millions de victimes, par exemple Messieurs Benyamin Netanyahou et Mahmoud Abbas (aussi connu sous son nom de guerre d’Abou Mazen). Sur la scène internationale, ils sont ennemis. Mais en réalité, ils font tous partie du même groupe qui œuvre à un même dessein (voir le point 5).


Nous avons vu des vidéos en gros plans des rangs des officiels censés guider la grande masse des manifestants. En réalité, ce sont des scènes séparées qui ont été réunies au montage par les médias pour donner une fausse image de la grande réunification. C’est une mise-en-scène. Jugez par vous-même sur un plan photographique large des rangs des officiels. Il n’y a pas de boulevard, pas de spectateurs et pas de manifestants mais une ruelle soigneusement verrouillée et encadrée par des forces de police. C’est une réunion de l’élite étroitement surveillée.

Voici les images de la 2ème catégorie. Ce sont les personnes qui sont censées assurer la sécurité publique mais qui ont failli à leur mission. Aucun responsable (ministres, magistrats, hauts fonctionnaires) n’est mis en cause publiquement.


Voici les images de la 3ème catégories. Ce sont les personnes qui sont victimes de la manipulation de la 1ère catégorie et qui se mobilisent en se contentant de brandir un slogan.

5 – Conclusion: Quel est le but final de cette manipulation?
Le but final consiste à instaurer le Nouvel Ordre Mondial, soit une économie ultra-libérale globale selon l’économiste Milton Friedman (Ecole de Chicago). Un groupe restreint de personnes, moins de 1% d’individus, jouissent de pouvoirs illimités sur les états et les populations mondiales pour accaparer toutes les richesses.
Les conditions cadres à l’établissement de ce plan nécessitent une harmonisation des normes juridiques, commerciales et civiles. Pour les réaliser, il faut réduire les pouvoirs des états nationaux au profit d’entités multinationales, créer un système financier global dérégularisé et une masse de main-d’œuvre abondante, mobile et bon marché.
Depuis les débuts de la construction de l’Europe commerciale, et plus particulièrement suite aux signatures des Traités de Lisbonne et Maastricht, les conséquences sont déjà observables, à savoir:
- augmentation de chômage massif et généralisé, particulièrement auprès des jeunes
- perte du pouvoir d’achat des consommateurs par pression sur les salaires
- dissimulation des réels taux d’inflation, de croissance et de chômage
- augmentation massive des dettes publiques
- diminution des investissements publics
- privatisation des services publics essentiels aux êtres humains et pouvant être rentabilisés (eau, énergie, transports, systèmes de santé, éducation, information, etc.)
- croissance économique nulle voire négative
- redistribution toujours plus inégale de richesses
- fracture de la société civile et exclusion des plus faibles et démunis
- augmentation de la pollution due aux transports des marchandises et des personnes
- diminution de la bio-diversité et des ressources naturelles
- industrialisation de la nourriture et utilisation d’OGM
Afin de pouvoir contenir la résistance des populations à ces nouveaux changements de société, il faut limiter le rôle du citoyen-acteur dans les systèmes politiques en limitant ses droits démocratiques et en contrôlant ses libertés individuelles.
Des nouvelles lois sont nécessaires. Elles visent notamment à la diminuer des droits de la défense (arrestation sans mandat judiciaire, limitation du droit à un procès équitable), légaliser la violation de la vie privée (perquisitions clandestines et mises sur écoutes) et à encadrer le droit à la liberté d’expression (contrôle d’Internet).
Aux USA, 2’500 victimes des attentats du 11 septembre 2011 ont été utilisées pour permettre la création d’un cadre de loi liberticide d’exception, appelé Patriot Act, afin de soumettre 300 millions d’individus à la surveillance d’un état militaro-policier imposé par 12 agences fédérales. Ce texte introduit en 2001, prévu pour une application temporaire, a été reconduit en 2006 et 2011 par les élus sans réelle opposition politique et populaire.
Nous allons observer dans ces prochaines semaines comment le choc traumatique de toute une nation va être exploité pour installer l’Etat sécuritaire avec l’assentiment de l’ensemble de la population. Parallèlement, en conséquence à la marginalisation d’une importante partie du corps électoral, nous allons vivre la recrudescence du racisme, des actes de violence xénophobe et un renforcement des partis politiques extrémistes.
Je suis apolitique et condamne toute forme de violence (physique, verbale, psychologique et imagée) de toutes origines (individuelle, religieuse, et institutionnelle).
Personnellement, je ne suis pas Charlie et encore moins un charlot.
Merci de votre attention.
(Crédit photos: Paris Match et Twitter)
Mise à jour du 24 septembre 2015: Les jeux sont faits et les nouvelles lois sur le renseignement et la surveillance des communications internationales sont mises en place. Pour de plus amples détails sur ces nouvelles dispositions légales, veuillez consulter le dossier intitulé « Les Français sous surveillance » publié sur le site de MEDIAPART.